Formidable que des personnes agissent et cherchent des solutions pour protéger le parc de YASUNI... Est-ce que les gouvernements vont suivre ?? ------------------------------------------------------------------------------------
Maria Fernanda ESPINOZA, ministre équatorienne du Patrimoine en charge du projet Yasuni ITT. - Notre première préoccupation était de protéger l'espace naturel du parc de Yasuni. Pour cela, il faut renoncer à exploiter le pétrole de Yasuni ITT. Certains ont pensé à un moratoire pétrolier. Mais c'est une grande responsabilité de décider cela dans un pays qui dépend autant du pétrole. Nous ne pouvons pas être les seuls à payer la préservation de cette richesse. Le parc de Yasuni abrite une biodiversité qui n'est pas la propriété de l'Équateur mais du monde entier. Tout le monde a intérêt à la préserver. Nous avons donc pensé à un mécanisme de coresponsabilité internationale. Cette proposition participe à la lutte contre le réchauffement climatique. L'exploitation du champ Yasuni ITT aurait provoqué de la déforestation. Or, contrairement aux pays européens, dans des pays comme le Brésil ou l'Équateur, c'est la déforestation qui provoque le plus d'émissions de CO2.
À quoi servira le fonds créé avec les contributions au projet Yasuni ITT?
Je précise que le fonds sera géré par l'ONU et non par l'Équateur. Nous voulons investir massivement dans les énergies renouvelables pour changer notre matrice énergétique. Le capital servira à permettre l'abandon à terme de l'utilisation des énergies fossiles dans la production d'électricité. Les intérêts du capital seront utilisés à la protection des 44 réserves naturelles de notre pays. De grands espaces ont été fortement dégradés par l'exploitation pétrolière, notamment par les activités de Texaco dans le nord du pays. (Un procès est en cours contre la compagnie pétrolière pour lequel les dégâts évalués s'élèvent à 24 milliards de dollars.) Nous voulons lancer un vaste programme de récupération et de reforestation de ces espaces naturels.
Comment convaincre les pays de participer à ce projet?
Nous émettons des certificats de garantie de non-exploitation du pétrole. Nous avons bon espoir de faire entrer ces certificats dans le mécanisme de réduction des émissions de CO2 pour déforestation. Des négociations sont en cours pour les rendre négociables sur le marché des droits à polluer. Nous avons bon espoir d'obtenir un accord en Amérique du Nord où ce marché n'a pas la même régulation que le marché européen. En échange, nous nous engageons à ne pas exploiter le pétrole, à investir dans la préservation de la biodiversité de nos espaces naturels et de lancer des programmes de reforestation. Nous proposons une solution pour donner un nouvel élan à la lutte contre les gaz à effet de serre. L'Opep nous a appuyés lors de sa dernière assemblée par une résolution formelle. Ils préparent, eux aussi, l'après-pétrole.