« Les gens achètent un animal comme une télé, qu'ils jettent quand il n'est plus à la mode ! »
Actualité Cambrai
COUP DE GRIFFE
« Urgent ! SOS ! La SDA est pleine à craquer !
S'ils ne bénéficient pas d'une adoption rapide, plusieurs de nos pensionnaires, chiens et chats, risquent l'euthanasie ! » ...
Chaque semaine, Sophie Binowski, responsable de la Société de défense des animaux, basée à Estourmel, nous adresse un petit mail contenant la liste de ses amis à quatre pattes qui se verraient bien poursuivre leur vie devant l'âtre d'un chaleureux foyer du Cambrésis, plutôt que derrière les grilles de la SDA.
Et cette fois, le message était accompagné de ce retentissant cri d'alarme...
Les boxes de la SDA sont pleins à craquer.
Des excuses bidons à l'abandon
Tiens donc.
D'ordinaire, le phénomène du chenil qui déborde, c'est lorsque les beaux jours sont là qu'il se manifeste.
Mais là, que se passe-t-il donc pour qu'autant d'animaux de compagnie se voient mettre le museau à la porte ?
Serait-ce une conséquence insoupçonnée de la crise touchant malheureusement bon nombre de concitoyens, incapables de nourrir une bouche supplémentaire ?
Nous avons interrogé Sophie Binowski...
Laquelle, à vrai dire, ne pense pas que ce soit une résultante de la crise.
Elle voit plutôt, dans cette inflation d'abandons,la traduction probante d'un égoïsme toujours un peu plus palpable, voire même poussé à son paroxysme :
« C'est toujours la même chose, fulmine-t-elle. Il y a des motifs sérieux à un abandon, comme un déménagement, une séparation, l'apparition d'une allergie... Mais il y a aussi des raisons plus futiles.
Je vous assure qu'on pourrait écrire un livre avec le nombre d'excuses bidons qu'on nous donne !
Je pense que les gens prennent aujourd'hui des animaux comme ils achètent un téléviseur ou une console de jeux.
Et lorsqu'ils sont lassés ou que le modèle choisi n'est plus à la mode, ils le jettent ! Sans aucun remord ! »
Éleveurs et propriétaires sans scrupule
Sophie Binowski se sent un peu « découragée ». Et d'expliquer : « On se bat tous les jours pour gagner de la place, tenter de raisonner les gens qui appellent pour abandonner leur animal, faire des adoptions heureuses... Mais à quoi sert notre combat si on continue à laisser certaines animaleries vendre tous ces chiens de trafic de pays de l'est ?
Si on laisse tous ces particuliers faire de leur chien un objet de profit en vendant les chiots qu'il engendrera ?
Si on laisse certains pseudo-éleveurs sans scrupules faire faire des chiots à tire-larigot à des femelles qu'ils abandonnent ensuite sans vergogne ? »
Certes, Sophie Binowki n'ignore pas que c'est là le combat du pot de terre contre le pot de fer.
Mais elle ne lâchera rien... quitte à passer aux yeux de certains pour une sorte d'Ayatollah de la cause animale.